Home » Jouons ensemble

Il y a quelques années, une fillette est tombée d’un immeuble à Sendai. L’affaire avait fait grand bruit à l’époque. Comme cela coïncidait avec le meurtre d’une écolière à Akita, certains se demandaient si ce n’était vraiment un accident…

Mais passons. J’ai vécu dans ce quartier jusqu’au lycée. Quand j’étais en primaire, la plupart de mes camarades allaient dans une garderie après l’école, alors que mes parents, qui travaillaient à leur compte, ne m’y inscrivaient pas. Du coup, je n’avais pas beaucoup d’amis avec qui jouer après les cours. (Enfin, de base, je n’avais pas beaucoup d’amis…)

Près de cet immeuble, il y avait une rivière et un petit terrain vague. Ça ressemblait à une aire de jeu improvisée, et j’adorais y chercher des « trésors ». La rivière charriant toutes sortes d’objets bizarres, c’était un endroit fascinant.

Un jour, en CE2, alors que je jouais seul comme d’habitude, une fille de mon âge (ou peut-être un an plus jeune) est apparue et m’a lancé :
— Jouons ensemble.

J’ai accepté.

Je ne me souviens plus des détails, mais d’une manière ou d’une autre, on a fini par essayer de s’introduire dans un immeuble.
Elle m’a montré un passage étroit entre deux bâtiments.
— Par ici, par ici, a-t-elle dit en s’y faufilant avant de désigner une barrière menant à un escalier.
— Si on grimpe là, on peut entrer.

On a escaladé ensemble. Mais ce n’était qu’un escalier de secours, et il y avait encore une porte verrouillée.
Alors elle a encore dit :
— Par ici, par ici.

Quand j’ai levé les yeux, elle était déjà perchée sur le mur d’enceinte de l’immeuble voisin.

Je l’ai suivie. Sans vraiment comprendre comment, on s’est retrouvés de plus en plus haut. Et c’est là que j’ai commencé à avoir peur.
— On va se faire gronder, rentrons.

Elle a répondu, comme si de rien n’était :
— Ce n’est pas mon immeuble, alors ce n’est pas grave.

Et elle a continué à avancer.

Là, j’ai insisté :
— Il est bientôt l’heure de rentrer, mes parents vont me gronder.

Sans attendre sa réponse, j’ai fait demi-tour et j’ai fui en courant. Je l’ai laissée là.
Je ne sais pas ce qu’elle est devenue, ni même qui elle était.
Je ne l’avais jamais vue à l’école.

J’y ai repensé le jour où j’ai entendu parler de l’accident. Je ne sais pas si c’est lié ou non.
Peut-être que ce n’était qu’une enfant du quartier, tout simplement…
Ou peut-être pas.

Désolé si mon récit est un peu flou.

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