Finalement, Grand-père est revenu avec une vieille dame, que l’on appelait Mme K.

Elle m’a regardé et m’a dit : « Tu as vécu quelque chose de terrible. Maintenant, prends ça. »

Elle m’a tendu un papier, un talisman.

Puis, elle est montée à l’étage avec Grand-père et a commencé à faire quelque chose.

Pendant ce temps, Grand-mère est restée avec moi, ne me quittant pas d’une semelle. Même lorsque je suis allée aux toilettes, elle m’a suivie, m’empêchant de fermer complètement la porte.

C’est à ce moment-là que j’ai commencé à comprendre que quelque chose n’allait vraiment pas…

Au bout d’un moment, on m’a fait monter à l’étage et conduit dans une chambre.

Toutes les fenêtres étaient recouvertes de journaux et tapissées de talismans. Du sel avait été disposé dans chaque coin de la pièce, et au centre trônait une boîte en bois surmontée d’une petite statue de Bouddha.

Il y avait aussi deux pots… Je suppose qu’ils étaient là pour que je fasse mes besoins dedans.



Grand-père me regarda avec un visage impassible et déclara d’une voix grave :

« Écoute-moi bien. Le soleil va bientôt se coucher, et à partir de maintenant, tu n’as plus le droit de quitter cette pièce jusqu’à demain matin.

Je ne t’appellerai pas, je ne te parlerai pas. Ta grand-mère non plus.

Ne sors d’ici sous aucun prétexte avant sept heures demain matin.

Quand l’heure viendra, tu ouvriras la porte et quitteras la chambre. J’appellerai ton père, alors ne t’inquiète pas pour ça. »

Je n’ai pas eu d’autre choix que d’acquiescer en silence. Il était sérieux, et je pouvais voir dans son regard que ce n’était pas négociable.

Mme K ajouta d’un ton tout aussi ferme :

« As-tu bien compris ce que ton grand-père vient de dire ? Suis ses instructions à la lettre.

Et surtout, garde précieusement l’amulette que je t’ai donnée, ne la perds sous aucun prétexte.

Une dernière chose : si quelque chose se passe… si tu ressens quoi que ce soit d’étrange, mets-toi devant la statue de Bouddha et demande de l’aide. »

Puis ils m’ont laissé seul dans la pièce.

On m’avait permis d’allumer la télévision, alors je l’ai mise en marche, mais rien n’y faisait. Mon esprit restait prisonnier d’une angoisse sourde. Impossible de penser à autre chose…

Hasshaku-sama (Hachishakusama) est-elle déjà là, tout près de moi ?

Que suis-je censé faire ?

L’appétit m’avait quitté. Les boulettes de riz et les bonbons que Grand-mère m’avait laissés restaient intacts. Tremblant, je me réfugiai sous la couette, espérant que la nuit passe vite.



« Ummm »

Lorsque je me suis réveillé, j’ai vu un programme de fin de soirée à la télévision. Je me suis rendu compte que je m’étais endormi sans le vouloir.

J’ai regardé ma montre. Il était une heure du matin.

Puis, « Kotsu kotsu »…un tapotement sur la vitre.

Ce n’était pas comme des petits cailloux ou d’autres objets jetés dans la fenêtre. C’était plutôt comme un léger tapotement de la main d’une personne.

Je n’arrivais pas à déterminer si le bruit était dû au vent ou si quelqu’un tapait vraiment, mais j’essayais désespérément de me convaincre que c’était le vent.

J’ai bu une gorgée de thé pour me calmer, mais j’avais toujours peur, alors je me suis forcée à regarder la télévision en mettant le son à fond.

C’est alors que j’ai entendu la voix de mon grand-père.

« Hé, tu vas bien ? Si tu as peur, ne te force pas. »

Je me suis approché de la porte sans réfléchir, mais je me suis immédiatement souvenu des paroles de mon grand-père.

« Je ne t’appellerai pas et je ne te parlerai pas. Ta grand-mère non plus. »

Puis j’ai de nouveau entendu la voix.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Tu peux venir ici. »

On aurait dit la voix de grand-père, mais ce n’était pas la sienne.

Je ne sais pas pourquoi, mais j’en avais envie.

Et dès que j’ai pensé cela, j’ai eu la chair de poule sur tout le corps, à cause de la peur.

J’ai regardé le sel dans les coins et j’ai vu qu’il était devenu noir au sommet.



Je me suis immédiatement assis devant la statue de Bouddha, j’ai serré le billet d’amulette et j’ai commencé à prier désespérément pour obtenir de l’aide.

À ce moment-là, « Po-po, po-po. »

J’ai entendu cette voix, et la fenêtre s’est mise à taper de plus en plus fort.

Je savais qu’elle n’était pas aussi haute que le deuxième étage, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’imaginer la scène de cette chose tendant le bras depuis le bas et tapant sur la fenêtre.

Il ne me restait plus qu’à prier la statue de Bouddha.